La Commission des jeux de hasard (CJH) a organisé le 22 septembre une table ronde pour une meilleure protection des joueurs.
Présidente de la CJH Magali Clavie a décidé de rassembler pour la première fois, autour d’une même table, des opérateurs de jeux, des représentants du secteur de l’aide, des scientifiques mais aussi des joueurs en leur offrant la possibilité de se rencontrer et de confronter leurs points de vue.
La présidente entend, grâce à un tel dialogue serein, respectueux et constructif, permettre une réflexion commune « out of the box » ouvrant la porte à des pistes concrètes pour optimaliser la protection des joueurs dans le secteur légal et pour lutter plus efficacement contre l’offre illégale. La CJH les transformera ensuite en actions prioritaires pour les mois à venir.
Vous trouverez ci-dessous le programme et les présentations des orateurs avec leur aimable autorisation.
1. Pourquoi fuir l’offre illégale?
> Joeri Impens (Bingoal)
« L’offre illégale ne présente que des désavantages, tant pour l’Etat que pour les joueurs et les opérateurs légaux. M. Impens plaide pour que les opérateurs de jeux légaux développent une politique de jeu durable grâce à la fidélisation de clients satisfaits. Pour cela l’offre légale doit pouvoir rester attractive. Les sites illégaux n’offrent aucune protection au joueur. Il faut impérativement maintenir un taux de canalisation suffisant et combattre les opérateurs illégaux par tous les moyens utiles. »
> Xavier Noël (Clinique du Jeu au CHU-Brugmann)
« Une plus grande protection des joueurs sur les sites légaux sera un des principaux arguments pour dissuader le joueur de jouer sur des sites illégaux. Les opérateurs légaux doivent se montrer inventifs sur ce point. Leur offre doit être attractive et sécurisante. Elle doit promouvoir le jeu responsable. L’offre légale doit être irréprochable sur ce point et innovante pour réduire le risque d’excès. Les mesures de jeu responsable mises en place par les opérateurs doivent être nombreuses et variées. Des exemples sont donnés. Ces mesures doivent aussi être mieux connues du public. »
3. Comment décourager le secteur légal à adopter les pratiques du secteur illégal (bonus déguisés…)?
> Emmanuel Mewissen (BAGO - Ardent)
« Les opérateurs de jeux sont des entreprises commerciales dont l’ADN sont la créativité et l’innovation. Sans activité promotionnelle, il est impossible de signaler l’offre légale au joueur. Il est encore trop facile de jouer sur des sites illégaux qui utilisent des tactiques marketing agressives et sont omniprésents (via le sponsoring notamment). Il faut autoriser les sites de jeux légaux à communiquer avec leur public cible afin d’éviter que d’autres ne le fassent et tout faire pour empêcher les joueurs belges de jouer sur des sites illégaux. »
4. Comment ITSME peut-il aider à repenser le système d’exclusion Epis à l’heure du jeu on line?
> Tim De Borle (Napoleon Games)
« Seuls 33% des joueurs ont eu recours à ItsMe depuis juillet 2020, date de mise en place du système chez Napoleon Games. Le taux de vérification effectué via ItsMeest de 61 % et le taux d’échec reste important (39%). Ces échecs peuvent réduire la qualité de l’expérience joueur et créer de la confusion chez ce dernier. ItsMe n’est pas une solution pour les personnes utilisant un document d’identité étranger. Il ne peut donc être le seul moyen d’identification. ItsMe n’a pas non plus la capacité de remplacer EPIS. »
5. Comment rendre le jeu moins potentiellement addictif en le gardant attractif?
> Dennis Mariën (BAGO - Kindred)
« Deux autres facteurs sont à l’œuvre, outre le jeu, dans l’apparition d’une dépendance : la personne même et l’environnement. M. Mariën propose que l’on se base sur le modèle de Reno (« Reno Model ») qui a créé un cadre de collaboration efficace. Ce cadre regroupe différents acteurs qui travaillent ensemble à la mise en place de dispositifs pour diminuer la prévalence de l’addiction au jeu dans la société. Ces dispositifs doivent se fonder sur des preuves scientifiques solides. L’opérateur de jeu a lui aussi une responsabilité vis-à-vis de ses clients pour combattre l’addiction au jeu et peut proposer des outils qui vont influencer positivement leur comportement de jeu. »
6. Comment moderniser et optimaliser Epis?
> Massimo Menegalli (Golden Palace)
« EPIS existe depuis 2004 et est un système de prévention du jeu problématique unique en Europe. Il regroupe en effet de nombreuses catégories de personnes dont 89 % sont interdites de jeu sur une base purement préventive (exclusion sur la base d’une profession ou d’une décision de justice par exemple). Il ne s’agit pas d’un baromètre du jeu problématique. Mais EPIS devrait également être étendu aux paris et aux jeux de loterie. L’amélioration de l’identification en ligne complètera EPIS et le rendra plus efficace. »
> Mélanie Saeremans (Gokkliniek CHU Brugmann)
« Mme. Saeremans propose quatre leviers sur lesquels les opérateurs de jeux peuvent agir pour aider le joueur problématique : 1- la formation de leur personnel, 2- la communication de messages adéquats au joueur pour qu’il joue de manière responsable, 3- la prise de contact immédiate avec le joueur qui présente des signaux inquiétants, 4-l’assistance à personne en danger (gestion de la crise suicidaire) et l’établissement de liens étroits avec les centres d’aide, qui pourront prendre le relais. Les signaux qui peuvent indiquer un problème de jeux sont détaillés : plaintes, signes d’impatience et de frustration, activité intense et risquée (rapidité, frénésie), absence de pause, importance des mises et pertes qui pose question, problèmes de paiement, etc... »
> François Mertens (vzw Le Pélican)
« M. Mertens a retracé le parcours standard du joueur qui se retrouve un jour dans une situation problématique. Il identifie les freins à la demande d’aide que sont la stigmatisation du jeu excessif, le manque de structures d’aide spécialisées et de formation des professionnels, le prix, la honte et l’ambivalence des joueurs. Il cite les avantage de l’aide en ligne : son accessibilité, les tests d’auto-évaluation, l’accompagnement vers le soin. »